On sait bien que nos plus grands succès se passent en dehors de notre zone de confort. On le sait bien, mais à chaque fois on est quand même surpris de ressentir cette peur au ventre et d’entendre cette petite voix à l’intérieur qui doute.

Ce sentiment me ramène à des années en arrière. J’avais 18 ans et j’étais passionnée de basket. Je jouais depuis une année en ligue nationale A quand une américaine qui jouait comme professionnelle en Suisse m’a dit que les universités américaines offraient des bourses d’études pour les sportifs et que j’avais le potentiel pour en obtenir une.

J’avais déjà passé une année aux Etats-Unis deux ans auparavant et je n’avais qu’une envie en tête, c’était de repartir. Alors sa remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. J’ai mis en place toute une stratégie pour obtenir cette fameuse bourse.

J’ai contacté tous les joueurs et joueuses américaines que je connaissais en Suisse (et j’ai fait la connaissance de ceux que je ne connaissais pas) ; j’ai filmé des matchs et j’ai fait un montage vidéo où je me présentais et où on me voyait jouer ; j’ai écrit à plus de 50 universités et j’ai envoyé une vingtaine de cassettes vidéos ; j’ai appelé les coachs pour faire le suivi. Pendant longtemps j’ai essuyé des « non ». Jusqu’au jour où la coach du College of Charleston en Caroline du Sud m’a appelée pour m’annoncer qu’elle m’offrait une bourse d’étude complète pour toute la durée de mes études.

Je me souviens très clairement quand j’ai reçu la brochure de présentation de l’université et celle de l’équipe de basket. Le campus de cette université est historique : des bâtiments à l’architecture victorienne sous des vieux chênes avec la mousse espagnole que l’on voit dans les films sur le vieux Sud américain. Le tout au bord de l’océan. J’étais surexcitée ! Je m’en allais pour le paradis. Je réalisais mon rêve.

Et puis juste après la joie immense, la frousse de chez frousse. « Quelle mouche m’avait piquée de vouloir aller si loin où je ne connais personne ? Je ne serai jamais assez bonne au basket. Les Américains sont les meilleurs, qu’est-ce qu’une petite Suissesse va faire là-bas ? Pourquoi faut-il toujours que je fasse les choses différemment? » Etc., etc., etc.

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Mais une fois la machine lancée, difficile de faire marche arrière. Et heureusement qu’il y a la fierté. Je n’allais quand même pas abandonner. Alors j’y suis allée et ça a été une des meilleures expériences de ma vie. Un des plus grands défis aussi. Si j’étais restée dans ma zone de confort, je n’y serais jamais allée et j’aurais passé à côté d’une expérience bien plus qu’enrichissante.

Je raconte cette histoire, d’une part parce que j’aime bien la raconter, et d’autre part parce qu’elle s’applique à notre parcours professionnel, surtout quand on est indépendant. A chaque étape de notre entreprise, on est confronté à nos peurs :

  • Nous dévoiler sur notre site web
  • Sortir pour aller à la rencontre de clients potentiels
  • Annoncer le prix de nos services à un client
  • Préparer un devis
  • Parler en public
  • Engager un collaborateur
  • Etc.

En prévision de mon prochain stage VISION & ACTION (le 8 juin 2012 à Crissier), j’ai préparé une recette toute simple pour rester plus grand(e) que nos peurs :

1. Avoir une vision claire et précise de ce qu’on veut accomplir
Imaginez ce que vous voulez accomplir. Créez une image précise dans votre esprit. Observer ce qui vous vient à l’esprit.

  • Est-ce qu’il y a une image ou une série d’images ? En couleur ou en noir-blanc ? Nette ou floue ?
  • Est-ce qu’il y a des sensations associées à ce que vous imaginez ? Une sensation de légèreté ou un picotement ? Est-ce que ça a un poids ? Une température ? Une texture ?
  • Y a-t-il des sons ? Votre voix ou celles d’autres personnes autour de vous ? En mono ou en stéréo ? Fort ou en bruit de fond ? Des tonnerres d’applaudissements peut-être ?

Plus vous êtes précis, mieux c’est. Pratiquez. Plus vous vous exercez, plus vous avez de détails et plus votre objectif devient réel et tangible et plus votre motivation d’y parvenir est grande.

2. Prendre le chemin de la plus faible résistance en faisant un petit pas à la fois
Ne commencez pas par le Mont Everest. Une ballade à la campagne, c’est déjà bien pour se mettre en forme. Un pied devant l’autre, un pas après l’autre. Gravissez votre montagne par niveau avec des bivouacs à chaque étape. C’est rassurant et beaucoup plus productif en fin de compte.

3. S’entourer de personnes optimistes qui nous soutiennent dans notre objectif
Il y a des gens qui croient en votre potentiel, même quand vous doutez. Et puis il y a ceux qui ont plus de doutes que vous. Choisissez avec qui vous passez du temps dans ces moments de peur.

4. Accepter la peur
Cette peur est là pour une raison : elle se souvient de la fois où vous vous êtes brûlés les doigts. Elle a une intention positive : vous protéger, peut-être ?
Acceptez donc que vous ayez peur, allez ressentir cette émotion et rappelez-vous que vous avez quand même un choix : vous pouvez rester là où vous en êtes, dans votre zone de confort, ou vous pouvez passer à l’étape suivante même si c’est inconfortable et grandir.

5. Se souvenir de tout ce qu’on a déjà accompli pour arriver là
Souvenez-vous de votre point de départ et de toutes ces petites et grandes étapes déjà accomplies. C’est toutes ces expériences, cette confiance que vous avez construite petit à petit qui va vous permettre d’accomplir ce but-ci. Même s’il paraît plus grand, plus ambitieux, plus fou que tout ce que vous avez déjà accompli.
Et finalement, souvenez-vous qu’après cette peur il y a le sentiment d’accomplissement, le plaisir de faire de nouvelles expériences, la joie de s’être dépassé. Quand je ressors ma vieille carte d’étudiante, je me dis que cette frousse en valait bien la peine. Mes années universitaires, quelles belles années !

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