7 arts à développer pour mener une vie d’entreprenariat

Développer l’esprit d’entrepreneur, ce n’est pas que pour les entrepreneurs. Au contraire, c’est une garantie pour rester dans le coup. En effet, l’esprit d’entreprenariat, c’est un art de vivre et une stratégie pour continuellement se réinventer et ne pas se laisser dépasser par le monde qui change si vite (et de plus en plus vite).

Ce n’est pas une chose statique : « ça y est, j’y suis. Je l’ai ! » Non, c’est un processus évolutif.

Voici ce que les années dans des start-ups et en tant qu'indépendante m'ont appris sur ce sujet :

 1. La planification ou l’art d’être flexible.

Planifier, c’est bien dans le sens qu’il faut se fixer des buts, garder un œil sur son tableau de bord pour garder le cap, mais il faut avant tout être flexible. Savoir repérer les opportunités, prendre celles qui font sens, oser dire non aux autres et s’accrocher. Il va y avoir des hauts et il va y avoir des bas.

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2. Parfois tout va mal ou l’art de la résilience. 

Dans les périodes de bas, quand on a l’impression que tout va mal et qu’on n’y arrivera jamais parce que la montagne en face de nous cache la destination, c’est bien d’avoir quelques personnes garantes de notre vision, motivatrices hors-paires ou simplement neutres qui voient en nous notre potentiel et peuvent nous aider à prendre du recul sur la situation momentanée.

Et ainsi, persévérer, persévérer, persévérer.

3. Voir les obstacles comme des opportunités de croissance ou l’art de la clairvoyance. 

S’il y a un obstacle à l’horizon et qu’il nous fait douter, c’est forcément qu’il y a quelque chose en nous qui bloque : une peur, un schéma ou une croyance qui n’est plus d’actualité qui nous empêchent de grandir et d’aller de l’avant avec confiance et détermination.

Contourner la montagne n’a donc pas de sens. On en retrouvera une autre un peu plus loin, jusqu’à ce qu’on soit aller voir au fond de nous ce qui bloque.

Souvent il s’agit d’aller plus loin qu’une réflexion menée par le mental : il se passe quelque chose au niveau des émotions, il y a quelque chose qui ressort de notre passé, un nœud énergétique, quelque chose.

On peut faire ce travail sur soi seul avec sa méthode d’introspection de choix (méditation, grande promenade dans la nature, art, yoga, etc.). Ou on peut demander de l’aide : un coach, un thérapeute, un voyage intérieur. Ou les deux. L’important est de le faire et d’avoir confiance que derrière la montagne il y a une opportunité de grandir.

4. Parfois on manque d’inspiration ou l’art de la créativité.

Parfois, on réalise qu’on s’est installé dans une routine et on s’ennuie. Compteurs Motivation, Innovation et Créativité à zéro.

Il est temps de partir en quête d’une bouffée d’inspiration et de ré-élargir ses horizons.

Pour moi, la musique a cette fonction. Dernièrement, c’est le rappeur franco-rwandais aux paroles lyriques poétiques et profondes qui m’a fait vibrer. La chanson « Slow Operation » vous parlera peut-être. Il l’a écrite après avoir renoncé à son job bien payé dans une grande boîte à Londres pour devenir rappeur (ou « picaflore » comme il l’appelle.)

Slow Operation

Ce sont aussi les voyages : ils permettent de sortir du quotidien et d’observer sa vie avec une distance. D’ajouter de nouvelles couleurs et saveurs… Bulgarie, Danemark, Nice et bientôt New York. Mais aussi Genève et Zürich. Parfois il n’y a pas besoin d’aller très loin pour ressentir le petit dépaysement qui fait une étincelle et relance le feu.

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5. Essayer et parfois réussir, parfois pas, ou l’art de la compassion.

Ayant grandis dans une société qui valorise la compétition et la réussite, nous avons l’habitude de nous juger sévèrement pour nos erreurs et nos échecs. Hors lorsqu’on se lance dans des projets qui nous amènent hors de nos chemins battus, on va assurément se planter une fois ou l’autre, devoir faire demi-tour, faire face à diverses mésaventures. Cela fait partie de l’apprentissage et de l’aventure.

Se juger sévèrement pour ce qu’on n’a pas réussi du premier coup (ou pas du tout) ne mène à rien. C’est décourageant. Développons donc notre faculté à avoir de la compassion pour nous-même et à nous pardonner.

Il deviendra dès lors plus facile de pardonner aux autres également.

6. Faire les choses avec le cœur ou l’art de l’enthousiasme.

Je fais partie du comité directeur de la fédération suisse de basket. On peut penser que cette activité consiste principalement à participer à des réunions, des assemblées et des conférences ou on peut la voir comme une opportunité de développer un sport et d’échanger avec des gens qui partagent un intérêt commun.

Je vois beaucoup de personnes qui arrivent aux assemblées avec la tête en long et qui soulèvent tout ce qui ne va pas. Je fais le choix volontaire et parfois un peu forcé d’avoir du plaisir dans ces réunions, de me concentrer sur ce qui va et de venir avec mon enthousiasme et mon sourire. L’enthousiasme est un état d’esprit qui se développe. Il est intimement lié à l’optimisme, à la joie et à la légèreté. Il fait du bien à celui qui le transmet et à ceux qui le reçoivent.

Développons donc coûte que coûte notre faculté à nous enthousiasmer.

« Wheresoever you go, go with all your heart. » Confusius

7. Oser s’exprimer ou l’art du courage.

Il n’y a pas de place pour être timide quand on a envie de faire des grandes choses dans sa vie. Oser prendre la parole en public, oser parler de soi, oser être sous les projecteurs, et bien ça fait partie du jeu. Ce n’est pas très « suisse » mais cela s’apprend. Petit à petit.

Oser nous exprimer un peu plus haut et un peu plus fort qu’à notre habitude va nous demander du courage. Il va falloir sortir de notre zone de confort. Au début, on va être maladroit, un peu mal dans notre peau, comme à chaque fois que nous avons appris quelque chose de nouveau.

Quand on a l’esprit d’entrepreneuriat, c’est qu’on a des idées (idéaux ?) pour lesquels on a envie de faire l’effort de défiés des idées figées et de faire bouger les choses. Le courage, on le trouve dans notre mission, dans notre projet.

Donc, 7 arts…

Flexibilité, résilience, clairvoyance, enthousiasme, créativité, compassion, courage : 7 qualités à développer – parmi tant d’autres – pour vivre une vie d’entreprenariat avec un état d’esprit qui permet au moins trois choses essentielles :

  • Se créer un style de vie qui correspond à ses valeurs et ses désirs
  • Amener les limites du possible un peu plus loin
  • Créer des projets ouverts, inclusifs, novateurs et qui tendent vers une plus grande humanité.

L’esprit d’entreprenariat, vous l’avez compris, c’est tout un art. Devenons donc artistes.


Tic-tac. Je n'ai pas le temps

Stressé(e) ? Il est peut-être temps de vous pencher sur votre relation au temps.

Le stress. Vaste sujet et grand point de focalisation de notre ère. Intimement lié au temps, nous parlons de sa gestion. En revanche, nous nous intéressons peu à son architecture, à la trame, à ce qu’il se cache dessous. Et c’est pourtant là que s’y trouve la clé.

Les années, mois, semaines, heures, minutes, secondes sont des inventions humaines qui datent de belle lurette, soit environ 1500 av. J.-C. dans le but de pouvoir planifier l’agriculture. L’invention de la mesure du temps a permis de placer un cadre dans lequel organiser nos activités.

Au départ, ces mesures représentaient une aide et l’observation des cycles de la nature restait la référence. Petit à petit, et de plus en plus avec l’ère industrielle, les humains se sont éloignés des cycles naturels et ont construit leur réalité sur la temporalité mesurable, sur les montres, les calendriers et les iPhones.

Les grecs anciens avaient deux termes pour décrire le temps : Chronos, le temps tel que nous le connaissons et Kairos, qui représente l’éternité, le timing divin.

Je pense que pour mieux gérer notre Chronos, il est important de se pencher sur le Kairos.

Nous connaissons bien le Chronos parce que nous avons grandi avec. La sonnerie du collège à 8h03 (sans rire à Echallens, la sonnerie ne retentissait pas à 8 heures, mais à 8 heures et 3 minutes. C’était pour accommoder ceux qui venaient à l’école avec le train de 7h49 et il fallait 11 minutes pour arriver au collège à pied). La montre Flik Flak pour apprendre aux enfants de 4 ans à lire l’heure. La récré de 9h45 à 10h00. Les vacances d’été du 7 juillet au 21 août.

Le Kairos, en revanche, ce n’est pas une notion très claire parce qu’elle ne nous est pas familière. On se souvient peut-être vaguement d’un cours de philo sur Kant qui disait que le temps ne pouvait être mesuré ou voyagé.

J’ai reconnecté avec cette notion il y a quelques années lorsque j’ai étudié la psychologie transpersonnelle. Lorsqu’on étudie quelque chose au delà du personnel, on se heurte immédiatement à la limite du temps comme nous le concevons. L’espace et le temps sont des notions qui n’existent pas : les limites du passé, présent et futur deviennent très floues, ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre aussi et on comprend vite que derrière le cadran de notre montre se cache l’immense cadran de l’éternité.

Infinity-Time

C’est ça le Kairos : c’est la relativité du temps. Le temps peut paraître comme une éternité lors que vous vous ennuyez et un instant lorsque vous vous éclatez. Une fraction de seconde d’inattention au volant peut avoir un impact sur toute une vie. Ou, un exemple plus gai, la rencontre d’une personne (le temps d’un regard…) peut bouleverser tous vos sens et votre futur.

Repensez aux grands événements de votre vie, n’ont-ils pas été défini par des instants décisifs?

Avec le Kairos, il y a juste l’instant présent et sa qualité. Cet instant présent fait partie d’un ensemble d’instants présents. Pensez à Matrix. matrix

Donc afin de mieux « gérer » son temps, il s’agit de s’intéresser à la qualité de son temps.

1. Ne pas être un(e) psycho-rigide du Chronos. Saupoudrer votre envie de contrôle avec un peu de légèreté.
Vous êtes-il déjà arrivé de vouloir faire quelque chose d’urgent mordicus sans y parvenir, rager puis quelques temps plus tard réaliser que si cela s’était fait, ça aurait été une catastrophe ?

Pour ne pas tomber dans le piège du contrôle, deux questions simples à vous poser :

  • Est-ce que je suis entrain de vouloir tout contrôler?
  • Est-ce que je laisse de la place pour que d’autres puissent apporter leur contribution ou pour que certains événements préparateurs se passent avant?*

(*Si la première réponse est non et la deuxième est oui, observez comment vous vous sentez. Etes-vous crispé, tendu, stressé ? Si c’est le cas, peut-être que les réponses sont plutôt oui et non.)

2. Ne pas être fataliste et attendre que les choses se passent. Pour cultiver un sens de motivation, d’enthousiasme, d’accomplissements qui sont des ingrédients essentiels de l’évolution, il faut mettre la main à la pâte et se lancer. La formule pour le faire est la suivante :

  • Etre très clair sur ce que vous voulez créer
  • Savoir pourquoi vous voulez le faire
  • Donner un impulse en prenant des actions fermes
  • Lâcher prise
  • Vérifier les résultats
  • Ajuster votre approche

3. Développer votre faculté de discernement en surfant entre le Chronos et le Kairos.
Pour cela, il faut faire appel à votre créativité et vérifier vos motivations. Il suffit de vous poser trois questions fondamentales avant de vous lancer tête baissée dans un projet ou une tâche:

  • Pourquoi je le fais ?
  • Est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Est-ce créateur de valeur ?
  • Est-ce la seule manière de le faire ou serait-il plus utile de modifier l’approche ?

Ainsi vous placez un cadre autour de l’éternité et à l’intérieur de ce cadre, vous donnez de la place pour que les événements puissent se dérouler selon le timing divin. Cela permet d’une part de ne pas vous perdre dans l’immensité du temps et de l’espace et d’autre part de ne pas vous figer, vous crisper pour que les choses arrivent absolument. En s’en remettant à plus grand, cela vous permettra de relativiser. Vous assurerez également que ce que vous créez soit en harmonie avec ceux qui nous entourent.

Pour moi, la dissociation d’un temps matériel et d’un temps éternel a été une révélation. Cela m’a permis de me détendre et de lâcher un peu (et de plus en plus) le contrôle. Cette révélation m’a littéralement permis de prendre les événements de la vie avec plus de philosophie et de considérablement réduire le stress. Sans devenir moine, en restant active et entrepreneur, j’ai trouvé un équilibre entre mon Chronos et le Kairos. C’est une question de relation. Et comme toute relation, l’attention qu’on y porte définit sa qualité.

Et vous, quel est votre relation au temps ?