Vision Board, Super Héros et Surprises

Cela fait plusieurs années que je commence mes nouveaux projets ou phases de vie avec un « vision board », un collage d’images et de mots qui représentent la direction dans laquelle j’ai envie d’aller.

Ce qui est intéressant dans la démarche du vision board, c’est qu’on part avec une page blanche et qu’on laisse son intuition décider de ce qui y sera collé. On coupe dans des magazines des mots qui résonnent en nous et des images que l’on trouve belles. Une fois le tout collé, on prend du recul et on regarde le rendu. On est souvent surpris du résultat, de l’ensemble que ces mots et images ont créé.

Pour moi la fin 2012 a coïncidé avec la fin de divers projets et de l’accompagnement d’une grande partie de mes clients. Je suis partie en voyage en Afrique et au retour c’est comme s’il y avait une page blanche dans ma vie.

Et qui dit page blanche dit l’angoisse de la page blanche, aussi.

J’ai donc recommencé un collage. Je dis « recommencé » parce que cette fois-ci, j’ai pris le collage que j’avais fait il y a 2 ans sur une grande toile et j’ai commencé par décoller toutes les images.

En décollant, les deux dernières années ont défilé dans ma mémoire et j’ai fait une sorte de décompte de ce que j’avais réalisé et de ce qui était resté non-accédé, sans énergie. Il n’y avait plus de déception, de critique ou d’amertume par rapport aux moments difficiles ou à ce que j’avais ressenti sur le moment comme des échecs.

Au contraire, en décollant, j’ai pris conscience du chemin accompli et j’ai ressenti de la gratitude : pour toutes les choses que j’avais mis en place, pour toutes les expériences et les rencontres. Et surtout pour la satisfaction que j’éprouve d’être indépendante et de créer ma vie comme bon me semble, au fil de ce qui m’appelle.

J’ai donc ressorti tous mes magazines, je les ai triés par catégorie (business, innovation, inspiration, sport, développement personnel, divers) et j’ai commencé à découper. En plus de couper, j’ai lu une foule d’articles dans différents domaines et j’ai pu constater à quelle vitesse la technologie, l’innovation et le monde des affaires ont évolué entre 2008 et 2012. C’est tout à fait amusant de refaire l’histoire à travers des magazines empilés depuis mes derniers mois à Boston jusqu’à aujourd’hui.

En même temps que ce processus, j’ai eu le grand honneur de traduire l’une des sommités du coaching et de la PNL, Robert Dilts. Après les fondateurs de la PNL, il y a Robert Dilts. Il a amené à ce domaine une plus grande conscience, les enseignements du psychiatre suisse Carl Jung et tout l’aspect des croyances et des valeurs. Et bien d’autres choses que vous pouvez lire sur Wikipédia.

Il venait donner un séminaire en Suisse pour l’institut de PNL et coaching, Graines d’éveil, à Morges. Trina, la directrice, m’avait demandé de l’aider à traduire et je lui en suis infiniment reconnaissante. La présence de Robert Dilts ainsi que le sujet du séminaire m’ont profondément touchés. Le stage portait sur « Le voyage du Héros ».  Le timing était impeccable : au milieu de mon collage, Robert Dilts a mis des mots sur ce que j’étais en train de créer.

Le Voyage du héros, c’est une notion qui a été étudiée et développée par Joseph Campbell, professeur, écrivain, anthropologue et mythologue américain qui s’est penché sur les mythes du monde. Il a découvert la trame sous-jacente à tous les mythes de héros et l’a décrite étape par étape. Robert Dilts a repris ces étapes pour décortiquer les événements de notre vie de manière plus gérable et nous aider à les vivre avec plus de conscience et de vitalité.

L’idée là-derrière, c’est de partir du principe qu’on peut vivre les événements de notre vie comme des voyages dont nous sommes appelés à être le héros plutôt que de les subir. Les voir comme des choses qui nous arrivent et qui sont parfois « de la chance » et parfois « des tragédies. »

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Moi j’aime bien l’idée du héros et des super-pouvoirs qui vont avec. Ce qui est aussi intéressant dans l’approche de Campbell et de Dilts, c’est que s’il y a héros et super-pouvoirs, il y a aussi monstres et défis. On ne peut pas faire un voyage du héros si on ne part pas en mission et qu’on ne doit pas se dépasser (et combattre 2-3 dragons au passage…).

Il y a cette merveilleuse vidéo sur TEDed qui décrit bien le processus de manière ludique et qui s’appelle « what makes a hero ». Je vous recommande d’aller la regarder. On peut même mettre des sous-titres en français, pour les non-anglophones.

Je vous résume les étapes d’un voyage du héros :

1. Entendre l’appel (et ça se passe souvent dans des périodes de transition où on nous demande de changer, qu’on en ait envie ou pas. Dans mon cas, c’est le fait que mes projets se sont terminés et que j’ai cette fameuse page blanche)

2. Accepter l’appel (on peut résister et ne pas avoir envie d’y aller et ultimement, ne pas y aller, mais là, on risque de s’acharner dans des directions qui ne nous rendent pas heureux. Il est préférable de dire « OK. What next ? » et d’être curieux de ce qui se trame derrière ce nouveau défi.)

3. Passer le seuil (C’est aller de l’avant et se lancer dans un territoire inconnu. On n’aime pas les territoires inconnus. On doit sortir de sa zone de confort et on n’aime pas sortir de sa zone de confort.)confortzone_magic

4. Trouver des gardiens (Un super-héros a des alliés, des bonnes fées, un parrain/une marraine, celui qui lui prépare ses gadgets, son costume, son animal compagnon, son médaillon qui lui rappelle son grand-père qui lui avait enseigné l’art ancestral, l’ami qui lui rappelle qu’il est fort, sage, intelligent, la reine qui croit en lui et qui l’aime quoi qu’il fasse.)

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5. Faire face à un défi ou au démon (Ou les deux !!! Parce que forcément pour être un héros, il faut un défi de taille, quelque chose qui nous fasse sortir de nos tranchées et nous battre pour quelque chose auquel on croit profondément, qui est important pour nous. Et il y a les personnes autour de nous qui sont contre, qui veulent se raccrocher au statu quo, qui n’aiment pas prendre des risques et qui veulent vous en empêcher. Et il y a nos démons, nos peurs, nos résistances, nos doutes auxquels nous devons faire face. Les super-héros de notre enfance ont tous une zone d’ombre, une faiblesse qu’ils doivent transformer afin de réussir.)

6. Trouver de nouvelles ressources (Le héros doit trouver au fond de lui la Force pour transformer ses démons. Il est poussé à faire les choses différemment, à revoir sa façon de penser et à être créatif pour dépasser les obstacles.)

7. Accomplir la tâche (Une fois que les obstacles sont dépassés, que les démons sont vaincus, il reste à faire ce qu’il y a à faire et à explorer le nouveau territoire afin de remplir la mission.)

8. Trouver le chemin de la maison (Une fois que c’est fait, il reste quand même à rentrer à la maison victorieux, mais changé. Et là, il faut arriver à être à nouveau accepté par les siens avec la nouvelle identité qu’on a développée en chemin, que notre voyage soit reconnu – pensez à la grande fête du village à la fin des histoires  - et le héros est amené à enseigner ses nouvelles connaissances – pensez au héros qui raconte ses aventures autour d’un feu, au milieu d’un cercle de villageois intéressés. Et au barde attaché à l’arbre.)
Je l’aime bien cette métaphore du voyage du héros parce qu’elle fait sens quand je repense aux grandes choses que j’ai accomplies dans ma vie. Je peux revoir les étapes : me souvenir de ce qui m’avait motivé à me lancer (à accepter l’appel), des démons (toutes ces peurs !!!), aux personnes qui m’ont aidé en chemin, à comment j’ai grandi au fil de chacune des expériences, etc.

Je l’aime bien aussi parce qu’en pensant à la prochaine étape de ma vie, je peux répondre à cette page blanche avec ce sentiment de partir en mission, de me préparer à un voyage qui va être extraordinaire à sa manière. Je peux me réjouir de rencontrer encore pleins de personnes qui vont m’aider comme l’a fait Trina, qui vont me bouleverser comme l’a fait Robert Dilts, qui vont m’écouter comme le fait mon amie Léa.

Et puis il y aura les démons. Je suis un peu moins fan de ceux-ci, mais en même temps, je sais qu’ils font partie du jeu. Je connais la satisfaction qu’on retire quand on leur fait face et qu’ils se transforment en alliés, qu’ils nous apportent une nouvelle compréhension du monde ou qu’ils dynamitent des croyances qui ne sont plus actuelles.

Me revoilà donc devant ma toile vierge avec une pile d’images et de mots. J’ai déjà été étonnée en réalisant que je découpais des images bien différentes de celles du passé. J’ai été émue durant le stage de Robert Dilts de l’appel qui émergeait pour moi. Et je pense que je vais être surprise de découvrir ce que donne la vue d’ensemble de mon collage.

Surprise mais profondément appelée par cette nouvelle mission !

ToBeContinued...